Cagliari - 16 mai
Arrivée en Sardaigne à l’aéroport d’Elmas à Cagliari, capitale de la Sardaigne. Merci Ryanair pour ce vol économique et sans encombres! Température idéale, grand soleil, ça sent les vacances dès les premiers pas sur le tarmac. Quelques dizaine de minutes plus tard, nous voilà dans notre petite Punto de location. Ce mode de déplacement semble être très prisé pour visiter l’île, à en juger par les files impressionnantes aux bureaux de location; et surtout chez Europcar: le partenariat avec Ryanair y rameute les foules!
En route vers Pula, sur la côte à 25km à l’ouest de Cagliari, où nous avons réservé un agriturismo pour trois nuits; mon frangin y avait passé quelques jours et nous en avait dit le plus grand bien!
L’agriturismo Monte Mereu se trouve à courte distance de Pula, au bout d’un long chemin de terre. Une grande maison entourée de jardins et de végétation, avec une vue superbe sur les champs et la mer au loin. On s’y sent bien, le calme est absolu, la vue magnifique, l’endroit confortable. La Mamma et son fils sont juste adorables et on arrive à communiquer facilement en italo-franco-gestuel!
Balade à Pula, premières glaces (obligé!), le village est sympathique mais pas particulièrement charmant. Pizza e pasta pour notre première soirée, sur la placette assez touristique…
Cagliari - 17 mai
Réveil au son de la nature, volets ouverts sur la campagne ensoleillée… l’endroit est beau et reposant!
Mes souvenirs de petit déjeuners italiens sont plutôt arides, souvent limités à un croissant et trois biscottes sous vide… Ici ce sera du bon pain frais civraxiu à base de farine blanche, croûte craquante et mie moelleuse, accompagné de biscottes (!), biscuits à la cuiller, confiture, chocolats, et bien entendu un excellent café! Tout cela servi dans une petite pièce simplement décorée de petits objets paysans, la télé planté bien au centre du décor, et avec une vue imprenable sur la campagne et la mer.
Nous gagnons Cagliari pour quelques heures de visite. Rues commerçantes d’abord, avant la fermeture des magasins de 13 à 16-17 heures, balade dans les ruelles du vieux quartier ensuite. La ville est sympathique, tout comme ses habitants, mais manque un peu de charme. Il fait bon y déambuler, découvrir les petites épiceries de quartier, les horlogers et cordonniers encore artisanaux, les quelques belles églises.
Dans une épicerie fine, nous gouterons au délicieux pecorino sarde, ainsi qu’au Pane Carasau, un pain ultra fin encore appelé ‘papier à musique’, croustillant et délicieux trempé dans une bonne huile d’olive locale!
Cet apéritif gastronomique continuera le soir, de retour au Monte Mereu, après un petit jogging le long des plages de Nora . En effet, le logement en agriturismo, s’il se justifie par la beauté des lieux environnants, vaut aussi pour la cuisine locale et familiale servie par la Mamma des lieux! Et ce soir, nous ne serons pas déçus: c’est une ribambelle de spécialités de la région qui défileront à notre table, nous laissant plus que repus!
Deux primi pour débuter le repas: des spaghetti alla bottarga pour commencer: des pâtes légèrement huilées et saupoudrées d’œufs de mulet séchés et fumés. Un plat ultra-simple et plein de saveurs iodées et fumées. DesMalloreddus ensuite: pâtes de farine de son colorées au safran, épinards, et tomates, et accompagnés d’une délicieuse sauce onctueuse aux tomates fraiches et saucisse sarde.
Un plat original ensuite, des tranches de porc cuisiné aux champignons, olives vertes et câpres dans un jus parfumée au vin blanc. Un régal servi avec de courgettes et aubergines (les grosses rondes, violettes) panées et frites, d’un moelleux incroyable! Pour terminer, quelques biscuits maison, dont ces petits choux frits et enrobés de sucre addictifs, et un verre de myrto, le digestif sarde typique distillé à partir des baies d’une plante abondante dans les maquis.
C’est certain, il y aura de la poutargue et des gnocchi sardi dans nos bagages, et je tenterai ces Malloreddus à notre retour: Faire revenir des tranches de saucisse sarde dans un peu d’huile d’olive et d’ail. Ajouter de belles tomates mondées et épépinées. Assaisonner et ajouter une pincée de safran. Laisser fondre les tomates. Cuire des gnocchi sardes et les mêler à la sauce avec un peu d’eau de cuisson. Déguster avec du pecorino râpé.
La côte sud - 18 mai
La Sardaigne est célèbre pour ses côtes, ses plages, ses criques. Nous décidons de profiter de cette journée qui s’annonce très ensoleillée pour longer la côte à l’ouest de Cagliari, vers Chia et Porto Teulada. A Chia, les plages sont magnifiques, sauvages. Nous entamons une longue balade dans le maquis qui longe la plage, traversons des dunes, marchons sur le sable, avant d’atteindre un grand étang où s'ébattent des nuées de flamands roses. La plage attenante est longue et blanche. Le vent y est fort, comme souvent depuis notre arrivée, et nous profitons du ballet offert par un groupe de kiters et funboarders!
En quittant Chia vers Porto Teulada la route serpente dans les collines le long de la côte, offrant des paysages à couper le souffle sur la mer, les petites iles surmontées de tours de guet, et surtout les plages blanches et brillantes, contrastant avec la végétation colorée de rouge, vert et jaune des maquis.
De retour au Monte Mereu, nous dinerons avec un couple italien et le fils de la maison. Courgettes et aubergines fondantes et marinées dans l’huile et le vinaigre en antipasti. Fregola ensuite, des petites pâtes de semoule grillées puis cuites à l’eau et servies avec une simple sauce tomate au pecorino; la texture fondante et al dente à coeur de ces petites pâtes est vraiment succulente. En second Primi (!), des ravioles farcies à la ricotta et menthe. En Secundo, une autre spécialité incontournable de Sardaigne, le Porceddu, un cochon de lait parfumé aux feuilles de myrte et grillé au feu de bois… sous la peau croustillante, une fine couche de gras fondant couvre la chair parfumée et moelleuse… une merveille de simplicité et de goût!
Notre point de satiété très largement dépassé, vinrent encore des chaussons de pâte à pain farcis d’un mélange d’artichauts, saucisse sarde,et pommes de terre: moelleux, doux et au délicieux goût parfumé d’artichauts frais… Quel festin!
East Coast - 19 mai
En route vers l’est, avec la promesse de découvrir le merveilleux Golfo d’Orrosei, où les falaises de calcaire se jettent à pic dans la mer turquoise…
Après une trop longue traverse de Cagliari (ne jamais faire une confiance aveugle à son GPS…), la SS125 file dans la jolie campagne et nous mène en quelques heures sur les plages de Tortoli. Si la plage est belle, le village et le port d’Arbatax attenant sont peu excitants et plutôt déserts. Nous ne nous attardons pas et décidons de pousser encore plus loin, et de chercher un logement à Santa Maria Navarrese. Là aussi, l’animation et le charme font cruellement défaut et ne trouvant pas notre bonheur hôtelier nous mettons le cap vers la montagne voisine, le village perché à flanc de montagne de Bunei et plus haut le splendide plateau de Golgo.
Et là, l’émerveillement! La petite route de montagne serpente dans une végétation de pains, d’arbres verts et de roches offrant une étonnante palette de gris au soleil. Le macadam fait place à une route de terre et de sable à l’arrivée sur l’altipiano de Golgo: un plateau entouré de montagne, couvert de végétation luxuriante où paissent vaches, ânes, cochons, et chèvres en liberté…
Une église multi-centenaire, quelques écuries, et un ‘refugio’ complètent le paysage; nous y trouverons, contre toute attente, une agréable chambre avec superbe terrasse surplombant le magnifique paysage du plateau… calme, vue époustouflante, et la promesse de longues balades balisées vers les criques du Golfo di Orosei: l’endroit est idéal!
En fin de journée, le Refugio de la Cooperativa Goloritze qui semblait désert s’anime du retour des randonneurs. Certains reprenant leur véhicule pour continuer leur route, d’autres restant comme nous sur l’altipiano pour la nuit.
Nous profiterons de la beauté du site et de son faible dénivelé pour faire un petit jogging entre les regards craintifs de vaches, ânes et cochons, avant de passer à table!
La grande salle de restaurant nous accueille ainsi qu’un groupe de randonneurs. Unique plats de pâtes au menu, bien décidés à continuer notre exploration des spécialités locales, mais sur un mode moins roboratif!
Nous découvrirons ce soir les surprenants culurgiones: des raviolis farcis d’un mélange de mousseline de pommes de terre et de fromage fondu sarde, servi avec une sauce tomatée… succulents (recette ici)!
Sous la pluie - 20 mai
La journée avait pourtant bien commencé avec un agréable petit déjeuner et ce délicieux fromage blanc crémeux de brebis… Mais la pluie que nous croyions inexistante par ici nous a un peu gâché la journée… Le sublime paysage de la veille noyé sous une chape de nuages, et une pluie intermittente… Notre balade tombe à l’eau; nous allons faire un tour sur la côte en contrebas sans plus de succès: la pluie y est également au rendez-vous. Journée repos et lecture forcés, donc! En espérant que le temps revienne au beau fixe demain!
En attendant, on ne va pas se laisser démonter: dégustation de gnocchis locaux, tenant plus de la purée assaisonnée à la sauce tomate qu’à des pâtes, mais carrément addictifs. Et puis pour se consoler de toute cette pluie, on goûtera une spécialité sucrée: les sebadas sont des beignets farcis de pecorino frais, moelleux, frits et couverts d’un miel des maquis au goût fin et parfumé!
Cala Goloritzé - 21 mai
Le temps est un peu meilleur ce matin. Frais, nuageux, menaçant, mais nous décidons de faire fi des prévisions météo et, armés de nos vestes de pluie, d’entamer la descente du plateau du Golgo vers la plage de Goloritzè. A pieds.
Le chemin longe d’abord une étendue de pierres, mousses, et petits arbres faisant penser à un jardin japonais géant, et entretenu pour faciliter l’accès à un gouffre profond de 300 mètres, il golgo su sterru, curiosité locale. Ensuite, direction vers le camping qui sert de point de départ à la descente. Chemins rocailleux pas facile, facile, sous le regard hébété des vaches qui se prennent pour des chèvres, accrochées à flanc de montagne!
Le paysage est varié; après 20 minutes de marche on aperçoit la mer entre les montagnes. Le chemin, abrupt, plonge dans une petite forêt, ressort en plaine caillouteuse; on aperçoit des grottes tout le long du chemin, certaines aménagées de branchages par les bergers du coin. La pluie refait son apparition, temporairement heureusement.
La mer est clairement visible maintenant, toute proche semble-t-il… il faudra encore trois quarts d’heure pour atteindre le bas de la montagne et apercevoir enfin cette crique magnifique, étincelante sous le soleil, sable blanc et roches immaculées, encadrées par la mer émeraude et les hautes montagnes plongeant à pic dans l’étendue bleutée… Le spectacle est magnifique!
Repos sur la plage, séance photos, et même si on a oublié nos maillots, petit bain glacé dans l’eau transparente!!! On a bien fait de se mettre en route assez tôt, voilà un groupe de randonneurs qui débarque; on aura bien profité du calme de ce petit paradis avant d’entamer le retour. Une heure trente de montée bien raide, bien rude pour les pieds, à un rythme sportif tant qu’à faire.
Nous reprenons la route vers le nord, le long du golfe d’Orosei, direction Cala Gonone. Deux heures de route dans la montagne, vues plongeantes sur les plaines désertes, passages de cols, route serpentant entre les montagnes.
Arrivés à Dorgali nous bifurquons vers le littoral pour descendre au niveau de la mer dans la petite station balnéaire de Cala Gonone. Ouf, contrairement à Santa Maria Navaresse, celle-ci est animée, adorable petit village lové dans une magnifique baie. Balade le long des plages blanches, puis roses, puis rocailleuses. Le temps menaçant nous offre de magnifique lumières, colorant l’eau de bleu étincelant puis de noir profond.
On se sent bien au Cala Luna, très confortable, accueil sympas, tarif ‘basse saison’ (€72 pdj compris) on restera deux nuits! Pizza e basta!
Cala Gonone - 22 mai
Ah, voilà encore une journée qui démarre bien: petit déjeuner varié et plantureux, et espresso à volonté! Le temps n’est toujours pas au beau fixe, froid et humide, mais qu’à celà ne tienne on ira faire un tour de village en village dans les montagnes avoisinantes, la Barbagia.
L’île est grande, les routes pas hyper-rapides, on abandonne définitivement l’idée de visiter Alghero, qui semble être une magnifique ville sur la côté opposée. Il faut dire en effet que si les paysages et plages sardes valent le détour, les villages sont pour la plupart mornes, déserts (en cette saison), tristes et vraiment peu intéressants… un peu déçu j‘avoue de ne pas retrouver les petites rues typiques, placettes, et apéros sous les platanes d’autres régions italiennes ou provençales.
Donc bref, nous voilà en chemin le long de routes sinuant dans la montagne, toujours aussi belle même si le soleil fait défaut. Arrêt, par acquis de conscience, dans deux, trois villages sans grand intérêt, et puis vient Orgolo, au coeur de la région des ‘bandits’, un village caractérisé par les fresques qui ornent nombre de ses murs.
Les habitants y ont pris l’habitude d’exprimer leurs émotions au travers de dessins de styles variés, le long de la rue principale du village et des ruelles avoisinantes. La balade est fascinante, entre les fresques naïves, ou de style Picasso, dépeignant des évènements marquants de l’actualité locale ou internationale. Certaines datent des années ‘60, et on retrouve Saddam, les Tours Jumelles, et les manifs du Larzac au milieu de critiques des politiciens véreux locaux! Unique exposition à ciel ouvert qui vaut bien les 40 bornes de routes sinueuses!
Retour à Cala Gonone pour un jogging le long de la mer (les 20km de Bruxelles sont pour bientôt!), et un dîner romantique au dernier étage du Bue Marino; un excellent restaurant ‘with a view’ sur le port et la mer au soleil couchant, où nous dégusterons des fregola aux fruits de mer succulentes et des spaghettis à la poutargue, vongole, et artichauts parfaitement exécutés également!
Retour à Cagliari - 23 mai
Dernière journée avant le retour, il fait splendide évidemment!!! On profite une dernière fois du joli bord de mer de Cala Gonone, et poussons une pointe jusqu’à une très belle plage, pour piquer une tête dans l’eau glacée et se prélasser sur la longue plage de sable blanc. L’humidité des derniers jours a boosté les fleurs sauvages qui resplendissent dans les maquis bordant les plages. Superbe!
Trois petites heures suffiront à gagner Cagliari en faisant un crochet par l’ouest pour profiter des deux voies bien roulantes de la SS131. Pointes à 120km/h, woaw!
On a réservé un B&B pas cher (€50) sur Booking.com pour la courte nuit avant notre retour: le Ladybird est vraiment une curiosité! Petit mais astucieusement aménagé, et surtout décoré dans toutes ses pièces d’un mélange de kitsch, d’art africain, de matériel techno et d’astucieux bricolages! Tout confort avec Wifi, parking facile dans les environs, douche et WC de compét’ accolés aux carrelages mexicains… une expérience intéressante!!!
Cagliari en fin de journée est particulièrement animée, jusqu’à l’heure du repas en tout cas! On prend plaisir à se balader dans les ruelles du vieux quartier, on prend son temps pour sélectionner notre dernier resto! Dommage, la trattoria qu’on convoitait est fermée; qu’à celà ne tienne nous irons chez Mannà Mannà, un chouette petit resto dont la salle se prolonge en jolie terrasse entre les ruelles escarpées. Le patron, francophone et grand amateur d’herbes aromatiques, sera très fier de faire découvrir en grande primeur à Mlle S le prototype de la tasse à tisane en forme de masque typique sarde qu’il a mise au point avec un designer local! Sympas, mais moi c’et surtout ses pâtes fraiches à la ricotta fumée, menthe, basilic, tomates-cerises et pignons qui me laisseront sans voix! Le petit goût fumé de la ricotta très fin s’accordant parfaitement à la fraicheur des herbes! Excellentes pâtes aux jus corsé de fruits de mer également, pour conclure cette semaine en beauté!
Voilà une semaine de vacances qui est passée bien vite et nous a bien dépaysés! Dommage que le temps n’aie pas été plus clément les derniers jours. On quitte la Sardaigne avec un petit goût de trop peu en terme de glaces, d’apéros en terrasse et de petits villages charmants et animés; mais avec une overdose de nature, de superbes plages, de gentillesse, de pâtes (!) et de culture culinaire privilégiant le simple et les très bon produits; tout ce qu’on aime!